2 ans plus tard : l’Impact de la légalisation sur le cannabis médical

Qu’on soit pour ou contre, la légalisation est là pour rester et force est d’admettre que la terre a continué de tourner malgré cet énorme changement dans la société. On peut apprécier le chemin parcouru lorsqu’on réalise que le cannabis est passé de drogue illégale à service essentiel en temps de pandémie! Et ce, en à peine deux ans.

Mais au-delà de l’usage récréatif et de l’apparition de la SQDC, qu’en est-il du marché médical aujourd’hui?

La légalisation a sans aucun doute permis de réduire le stigma autour de la consommation du cannabis. Les gens assument davantage le fait qu’ils en consomment et en parle plus ouvertement dans leur entourage. C’est un sujet moins tabou. De plus, il est rassurant de savoir que les gens ont accès à des produits dont la qualité et la concentration sont contrôlées par les instances gouvernementales.

On peut constater une meilleure acceptation du public en général, mais également des médecins. Depuis la légalisation, les patients questionnent davantage leur médecin sur le potentiel thérapeutique du cannabis et nous recevons de plus en plus d’appels de professionnels de la santé qui nous contacte pour savoir comment le prescrire. Ceci est un tout nouveau phénomène. Il faut dire que la « crise » des opioïdes a également contribué à ce que le monde médical se questionne sur la prescription abusive de médicaments à lourds effets secondaires et hautement addictifs.

L’ouverture pour le cannabis à des fins thérapeutiques se fait sentir tranquillement…

Il semble également y avoir un regain d’intérêt pour la recherche sur le cannabis. Le marché récréatif, très lucratif, a permis de débloquer des sommes chez les producteurs de cannabis et les différents gouvernements, sommes qui sont investies dans divers projets de recherche, visant une meilleure compréhension des souches, des cannabinoïdes, des applications thérapeutiques et de l’effet entourage. Malheureusement, il semble que les résultats du Registre Cannabis Québec, projet de recherche initiée par le Centre de Santé McGill il y a quelques années, et qui a pris fin à la légalisation, ne seront finalement pas publiés. Une perte pour l’industrie, sachant que l’étude a duré 4 ans et visait 3000 patients…

La légalisation crée toutefois un énorme casse-tête pour les cliniques comme la nôtre car elle a amplifié la confusion entre les marchés médical et récréatif. C’est vous dire combien de patients ont frappé à notre porte en croyant être à la SQDC, ou pire, certains pensent carrément que la SQDC est un magasin qui nous appartient.

On ne peut pas leur en vouloir car, malheureusement, il est vrai qu’il y a de moins en moins de produits différenciés. Et comme on ne peut à peu près pas faire de publicité autour du cannabis médical, ceci n’aide pas à éduquer la population.

Sans compter que les conseillers de la SQDC, malgré les directives qu’ils reçoivent, se permettent régulièrement de donner des conseils médicaux ou de recommander des produits pour des problèmes de santé spécifiques. On voit d’ailleurs émerger un nouveau type de patient : L’Enfant Expert. Celui qui dit à son parent souffrant : « Je connais ça moi, le cannabis, je vais aller te chercher ce qu’il faut à la SQDC ». Malheureusement, trop souvent, le patient revient vers nous avec une mauvaise expérience, une chute de pression et même une hospitalisation à son actif.

Quand on parle de santé, il ne faut pas improviser!

Véronique Lettre

Directrice Générale

Nature Médic

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